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Claustrophobie: vaincre la peur des espaces clos

Claustrophobie: vaincre la peur des espaces clos

 

Ils sont tétanisés à l’idée de monter dans un ascenseur. Évitent de prendre les transports en commun, métro en tête. Ont le sentiment de manquer d’air dès que le plafond est trop bas ou la porte fermée à clé. Ils sont claustrophobes. Une forme d’anxiété simple, incommodante au quotidien, mais qu’il est possible d’apprendre à surmonter. Qu’est-ce que la claustrophobie ?

 

La claustrophobie se définit par une peur intense des espaces confinés, l’ascenseur étant le lieu le plus fréquemment redouté, avec les transports en commun, et particulièrement le métro. Mais pour un claustrophobe, prendre l’avion, ou le train, peut aussi être source de malaise. Dans certains cas, la crainte s’étend également aux pièces isolées (de type cave ou grenier), à celles dont la hauteur sous plafond est basse, et même parfois, aux petites pièces (toilettes, dressings…), ou à celles qui sont fermées à clé. « Toute une partie de l’angoisse des claustrophobes est liée à la respiration, ajoute le psychiatre Antoine Pelissolo. Dans les espaces clos, la personne a le sentiment d’étouffer, de manquer d’air, jusqu’à l’idée qu’elle pourrait vraiment, à un moment, ne plus pouvoir respirer. »

En fonction de l’intensité de leur trouble, certains claustrophobes parviennent à se confronter à leur peur, au risque alors de ressentir un ou plusieurs des signes de la panique et de la montée d’adrénaline : cœur qui s’emballe, mains moites, tête qui tourne, respiration qui s’accélère, jambes qui tremblent… Mais la majorité d’entre eux pratiquent plutôt l’évitement. Ils sont alors capables de tous les stratagèmes pour ne pas avoir à affronter les situations qui les angoissent.

De la claustrophobie à l’agoraphobie

« La claustrophobie est une forme particulière et limitée de l’agoraphobie, explique Antoine Pelissolo. Tout en restant une phobie à part entière, puisque certains patients ne présentent que les symptômes de la claustrophobie. Il s’agit donc de savoir si l’on se trouve face à la forme simple, ou face à sa forme complexe. »

L’élément déterminant pour parvenir à dissocier les deux ? La présence, ou non, d’autres peurs face à d’autres situations (la hauteur, la foule, les grands espaces…), mais aussi d’une forme d’anticipation, d’élaboration de scénarios associés à la peur. « Dans le cas des phobies simples, précise le psychiatre, la peur est brute, réflexe. Le phobique se sent mal lorsqu’il est confronté à l’objet de sa peur, mais incapable d’expliquer pourquoi. À l’inverse, dans les phobies complexes, telles que l’agoraphobie, mais aussi la phobie sociale, le patient anticipe le malaise qu’il pourrait avoir et accumule les idées négatives. Il est capable d’aller jusqu’à envisager toutes les complications possibles (“ Et si je m’évanouissais ? Et si personne ne venait me secourir ? Et si je faisais un infarctus…”). »

 

claustrophobe

 

D’où vient la peur des espaces clos ?

Comme la plupart des phobies dites simples, la claustrophobie touche les hommes comme femmes, quel que soit leur tempérament. « Comme pour les phobies des animaux ou du sang par exemple, il n’y a pas de terrain particulier pouvant provoquer telle ou telle peur, explique Antoine Pelissolo. En revanche, il y a certainement une part de prédisposition dans notre patrimoine génétique. C’est en tout cas ce que pensent les partisans de la psychologie évolutionniste. Les phobies correspondent toujours à ce qui, à une période ou une autre de l’humanité, a pu être une menace pour l’homme. Il n’est donc sûrement pas inutile que certains individus soient sur leurs gardes (même si dans le cas des phobies, ils se méfient trop). Cette psycho-diversité serait en somme nécessaire à la survie de notre espèce. »

Quant au déclenchement même de la peur, il apparaît généralement au début de l’âge adulte. Soit la phobie s’installe progressivement. Au fil du temps, la personne évite de plus en plus de se confronter à sa peur. La peur augmente l’évitement, puis c’est l’évitement qui augmente la peur. Et cela entretient la phobie, voire l’amplifie. Soit elle se manifeste brutalement, suite à un traumatisme. « La nuance, souligne Antoine Pelissolo, est dans l’ampleur de l’événement traumatique. Se faire attaquer par un homme armé dans le métro n’est pas équivalent au fait de rester coincé quelques minutes entre deux stations. Dans le premier cas, on peut considérer que le traumatisme est suffisamment fort pour être, à lui seul, à l’origine de la phobie. Dans le second, cette mauvaise expérience aura seulement révélé la phobie qui était déjà présente, mais non exprimée. »

 

Comment soigner la claustrophobie ?

Si l’on ne guérit pas toujours entièrement de la claustrophobie, il est néanmoins possible d’apprendre à mieux contrôler sa peur. Mais plus la phobie sera ancienne, plus elle sera difficile à surmonter. Si la mémoire est trop imprégnée, qu’une forme de rigidité s’est installée, il sera plus long de désapprendre au cerveau ce qu’il a intériorisé. Tout comme nous apprenons à nous méfier de certaines menaces, parce qu’elles sont réellement dangereuses (le feu par exemple), il s’agit-là, à l’inverse, de désapprendre une crainte parce qu’elle est injustifiée. « C’est le principe des thérapies cognitives et comportementales (TCC), explique le psychiatre Antoine Pelissolo. Les personnes phobiques confondent la peur et le danger réel. Elles pensent que les choses sont dangereuses parce qu’elles en ont peur, et non l’inverse. En début de thérapie, il faut donc travailler sur cette partie cognitive de leur problème, en remettant tout cela dans l’ordre. »

Vient ensuite la partie pratique et comportementale : la mise en situation. Il est alors nécessaire de répéter les exercices plusieurs fois, de façon progressive et prolongée. Le plus souvent sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, en fonction de l’intensité du trouble. « Il faut que la mémoire et le cerveau soient confrontés à l’absence de danger de manière répétée pour qu’ils puissent être désensibilisés. Un peu comme on le fait pour les allergies, compare le psychiatre. Le patient doit être convaincu physiquement, dans ses tripes, que la situation est surmontable, et qu’il n’y a pas de danger. »

Et les traitements médicamenteux ? « Une fois encore, la pause du diagnostique est vraiment essentielle, répète le psychiatre. Parce que dans le cas d’une claustrophobie simple, un traitement médicamenteux ne servira à rien. La prise d’un sédatif, si le patient doit prendre l’avion par exemple, pourra l’aider à traverser l’épreuve, mais ne le soignera pas. Alors que dans les cas d’agoraphobie, accompagnés d’attaques de panique, les médicaments peuvent aider et être justifiés. Mais jamais dans la claustrophobie simple. »

 

Source: Psychologies.com